jeudi 30 avril 2015

Des robots pour nettoyer les centrales nucléaires

Le robot est le premier à être entré dans le réacteur no 1 de la centrale de Fukushima, vendredi. Il mesure 60 cm, n'a pas de roues mais sait ramper, d'où son surnom de "robot-serpent". Il est passé dans un tuyau de 10 cm de diamètre. Il a alors changé de forme (se repliant en un "E") et a parcouru une dizaine de mètres sur la plateforme qui entoure la zone dite du "piédestal", sous le fond du réacteur. Puis il a cessé de répondre aux commandes des ingénieurs de Tepco (Tokyo Electric Power), qui l'ont déclaré perdu trois jours plus tard. Il aura succombé aux radiations. Entre-temps, il avait transmis ces images, plutôt incompréhensibles pour le commun des mortels : Il a aussi pu envoyer des mesures de température et de radiation. Le principal enseignement de son court périple est qu'un chemin existe pour envoyer un second robot plus profondément au sein du réacteur. Voir les images rapportées par le robot : Tepco publie des images de l'intérieur d'un réacteur de Fukushima Quel intérêt ? Pierre Le Hir l'expliquait il y a deux semaines dans Le Monde : "Le cœur, c'est-à-dire le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 en activité lors de l'accident (le réacteur 4 était déchargé et les 5 et 6 à l'arrêt), a fondu dans les heures qui ont suivi la perte de l'alimentation électrique et de la source de refroidissement de la centrale. Ces trois réacteurs contenaient respectivement 400, 548 et également 548 assemblages de combustible, soit plus de 250 tonnes de matières nucléaires au total. La reconstitution des événements a montré qu'entre l'arrêt des systèmes de refroidissement de secours et l'injection d'eau de mer décidée en catastrophe par l'exploitant du site, Tepco, le combustible n'a pas été refroidi pendant quatorz heures pour le réacteur 1, et environ sept heures pour les tranches 2 et 3. Il s'est alors formé un corium, un magma à très haute température (plus de 2 000 °C) extrêmement radioactif, agrégeant uranium, plutonium, produits de fission et métal fondu provenant des gaines de combustible en alliage de zirconium, ainsi que des structures internes des réacteurs. Et ce corium a perforé les cuves métalliques des trois réacteurs. Toute la question est de savoir où s'est ensuite logé ce magma brûlant. La base des réacteurs est formée d'un socle en béton – un radier – qui peut atteindre 8 mètres d'épaisseur. A environ un mètre sous la surface de ce socle se trouve aussi, prise dans le béton, une couche d'acier. Le corium est-il resté contenu dans la partie supérieure du radier, sans franchir l'enveloppe en acier, comme l'assure Tepco ? A-t-il pénétré plus avant dans le béton et, dans ce cas, jusqu'à quelle profondeur et sur quelle superficie ? Dans quel état se trouve-t-il aujourd'hui ? Nul ne le sait."