mardi 21 novembre 2017

Mondialisation : résister aux tentations de l'isolationnisme ou du laisser-faire

Les changements induits par la mondialisation peuvent conduire à des appels en faveur de l’isolationnisme et amener les pays à se couper de ce qui se passe autour d’eux. On le constate en particulier dans les régions reléguées au second plan. Certains veulent ériger des barrières et fermer leurs frontières. À l’opposé, d’autres seraient prêts à laisser la mondialisation suivre son cours, estimant que des marchés autorégulés garantissent en définitive les meilleurs résultats. À la suite de la crise économique et des réactions hostiles à la mondialisation, on a déjà pu observer des tendances à l’isolationnisme. Les négociations multilatérales visant à éliminer les obstacles aux échanges sont restées pratiquement au point mort au cours de la dernière décennie, et le protectionnisme fait son retour. Même des pays qui avaient jusqu’à présent toujours défendu une économie mondiale ouverte cherchent à présent à freiner les importations, à limiter l’immigration et à encourager la production nationale. Ces éléments ont tous contribué au récent ralentissement de la croissance du commerce mondial. Pourtant, la majorité des citoyens européens reconnaissent que le protectionnisme ne met pas à l’abri. Il peut aider à court terme, mais l’histoire montre qu’il n’a jamais connu un succès durable et qu’il a souvent eu une issue désastreuse. En guise d’exemple à méditer, on peut citer la grande dépression des années 1930, qui a été exacerbée par une spirale protectionniste qui a finalement contribué à la guerre. Si nous fermons nos frontières, d’autres feront de même. Nous serions tous perdants. Cela est particulièrement vrai pour l’Europe, qui est fortement intégrée dans les chaînes de valeur mondiales. Le protectionnisme désorganiserait la production et augmenterait les coûts et les prix pour les consommateurs. Les exportations européennes deviendraient moins compétitives, compromettant un nombre d’emplois encore plus élevé. On estime qu’une augmentation des restrictions commerciales de 10 % conduirait à une diminution du revenu national de 4 %. Nous n’aurions plus accès aux nouveaux produits, services, technologies et idées. En touchant le plus durement les populations les plus pauvres du fait des hausses de prix, le protectionnisme aurait l’effet contraire de celui recherché. Pour éviter cette spirale négative, il faut des institutions et des règles multilatérales qui permettent aux pays de promouvoir conjointement des solutions communes dans un monde globalisé. Cela est essentiel si l’on veut s’attaquer à des problèmes qui requièrent une action collective, comme l’économie globale, le changement climatique ou l’évasion fiscale. À défaut, les pays et les entreprises les plus puissants et les moins scrupuleux pourraient imposer leurs règles et intérêts aux plus faibles. Cela irait à l’encontre des valeurs fondatrices de l’UE que sont la coopération, l’État de droit, l’égalité des droits et la solidarité. Pour mieux maîtriser la mondialisation, nous avons besoin d’une gouvernance mondiale accrue et de plus de règles internationales. Et nous devons adopter des politiques nationales qui dynamisent notre compétitivité et améliorent notre résilience. L’Europe doit, à présent, décider comment y parvenir.